LE REVIREMENT DE TSIPRAS FINIT PAR SUSCITER DECEPTION ET COLERE

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Qu’en est-il de la popularité d’Aléxis Tsípras un an après son arrivée au pouvoir?

Le fondement de la popularité de Syriza n’a jamais été ni le pouvoir charismatique de son leader ni son implantation partisane dans la société grecque. La victoire de la gauche radicale aux élections du 25 janvier 2015 entérinait à la fois la faillite de l’« ancien régime » politique et l’espoir de rompre avec l’austérité, la corruption et le népotisme qui ont conduit le pays au bord du gouffre. En capitalisant sur le mécontentement populaire, Syriza devenait l’expression politique d’une société éclatée en quête de sortie de crise. La promesse était non seulement de faire une autre politique, mais aussi de faire de la politique autrement. Aléxis Tsípras a su incarner une demande collective de justice et de renouveau. Mais cette image est largement écornée aujourd’hui. La défaite stratégique de Syriza face à l’intransigeance des créanciers de la Grèce laisse très peu de marges de manœuvre pour une autre politique. Après l’accord du 13 juillet 2015, la feuille de route du gouvernement grec est le troisième mémorandum qui contraste totalement avec son programme initial. Ce revirement ne résout aucun des grands problèmes du pays et finit par susciter de la déception et de la colère.

 Pourtant, Aléxis Tsípras a remporté haut la main les élections législatives du 20 septembre 2015, malgré ses reniements.

Cet indéniable succès révèle son talent de fin tacticien. Aléxis Tsípras a bénéficié d’un effet de surprise tout en tirant profit de l’état calamiteux de l’opposition engluée dans des querelles intestines. Il a obtenu une « deuxième chance » avant que les conséquences de ses choix politiques ne soient ressenties par l’électorat. Au passage, il a mis hors-jeu les « frondeurs » de son parti en plein désarroi programmatique. Mais son virage électoraliste l’a coupé des mouvements sociaux, en le privant de perspective de transformation radicale. Paradoxalement, la victoire électorale de Syriza entérine son échec politique en tant que formation radicale.

L’arrivée de Kyriákos Mitsotákis – jeune lui aussi – à la tête de la Nouvelle Démocratie, l’opposition conservatrice, peut-elle changer le jeu politique en Grèce ?

Le nouveau leader de la droite ne fera aucun cadeau à Tsípras et s’efforcera de précipiter sa chute. Il incarne une opposition offensive qui, à grands coups de renforts médiatiques, cultive un profil « moderniste ». Mais le véritable enjeu n’est pas tant la communication mais le projet politique lui-même. Malgré leurs différences, les deux leaders se rejoignent dans la nécessité d’appliquer les impopulaires mesures du mémorandum, l’un avec résignation, l’autre avec conviction. Le problème est que la société grecque, prise au piège, ­continue de résister aux politiques d’austérité et de déclassement. Comme l’illustre le blocage actuel des routes par les agriculteurs et la mobilisation massive des professions libérales contre les réformes de la sécurité sociale et des retraites qu’on appelle la « révolte des cravates », le néolibéralisme n’a pas d’assises pour une construction durable et consensuelle. Autant dire qu’une nouvelle phase de ­turbulences politiques s’ouvre en Grèce et que son issue est ­incertaine.

Propos recueillis par, Les Echos

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