SYRIZA, LES RAISONS D’UNE VICTOIRE

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En remportant les élections législatives du 25 janvier avec 36,3 %, Syriza bouleverse l’échiquier politique grec et remet en cause la logique d’austérité des politiques européennes. La victoire de Syriza n’est pas un simple phénomène d’alternance dû à l’impopularité de la politique du gouvernement d’Antonis Samaras. L’irruption de Syriza brise en réalité plus de quarante ans de bipartisme où le Mouvement socialiste grec, le PASOK, et le parti de droite, la Nouvelle Démocratie, se sont partagés tour à tour les rênes du pouvoir en réunissant près de 85% des suffrages. A partir de 1974, le PASOK, auréolé de son opposition à la dictature des colonels, est apparu comme la principale force anti-droite, ce qui lui a permis d’accéder au pouvoir en 1981.

La constitution accordant un pouvoir très étendu au Premier ministre, celui-ci a usé et abusé de la nomination de ses subordonnés dans les appareils de l’Etat et les entreprises publiques. Sur cette base s’est constitué un système clientéliste de masse reposant sur la domination de grandes familles emblématiques, les Caramanlis et les Mitsotakis pour la Nouvelle Démocratie, les Papandréou pour le PASOK. Ce système a ainsi généré une corruption endémique minant l’autorité de l’Etat. La crise de ce bipartisme s’est brusquement aggravée quand, en 2011, sur fond de crise de la dette et d’austérité renforcée, le PASOK s’est allié, en position minoritaire, à la Nouvelle Démocratie. Sa chute s’est alors révélée vertigineuse : le PASOK réunissait 44 % des suffrages en 2009, 13% en 2012 et seulement 4,7 % en 2015…

Le PASOK a alors cautionné une politique d’austérité conçue par la troïka formée par l’Union Européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne. Le bilan en est désastreux : diminution du produit intérieur brut de plus de 25 % en six ans, taux de chômage multiplié par trois sur la même période, dette publique passée de 105,4 % du PIB en 2007 à 175 % en 2014.

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La première raison de la victoire de Syriza tient donc au rejet de quarante ans d’un bipartisme suscitant d’autant plus la colère que les responsables de la corruption, des fraudes et des évasions fiscales massives n’ont jamais, à de rares exceptions près, été inquiétés par la justice.

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La seconde raison du succès de Syriza ne tient pas à l’adhésion à une idéologie anticapitaliste mais, comme le dit son leader Alexis Tsipras, à un vote motivé par « le besoin ». En effet, l’application des mesures de la troïka a jeté dans la misère plus d’un tiers de la population. Cela se traduit par une sous-alimentation, l’impossibilité de se chauffer, la non-indemnisation de 84% des chômeurs, la menace de saisie des habitations par les banques. Et surtout, le départ de 200 000 jeunes diplômés à l’étranger pour trouver un meilleur sort. Face à cette situation préoccupante, Syriza propose des mesures d’urgence humanitaire telles que le rétablissement de l’alimentation électrique pour impayés d’énergie, un salaire minimum au même niveau qu’en 2009 à (751 €), l’accès à la sécurité sociale pour les chômeurs. Syriza ne s’est donc pas contenté, comme c’est souvent le cas en France, de critiquer le gouvernement en place mais a répondu à des attentes positives capables de sortir de la survie la population la plus précarisée.

Le troisième facteur du succès de Syriza tient à une nouvelle manière de pratiquer la démocratie en y impliquant une jeune génération exempte des pratiques corruptrices des élites plus âgées. Alexis Tsipras n’a que 40 ans. Les Grecs se sont sentis humiliés par la pratique politique d’une troïka étroitement liée aux élites au pouvoir. Ils n’ont plus supporté que l’on gouverne leurs pays par mails et en coulisse.

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Le vote pour Syriza est pour eux un moyen de restaurer une forme de dignité patriotique et de réhabiliter la démocratie.

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Cette aspiration correspond à la modernisation de l’Etat que veut engager Alexis Tsipras, afin qu’il puisse entre autres lutter contre la corruption, l’évasion et la fraude fiscales. La démocratisation passe aussi par la réouverture de la radio-télévision publique fermée de manière autoritaire pour des raisons politiques.

Dans l’esprit de Syriza, la réponse aux besoins humanitaires et la réforme de l’Etat doivent être menées de pair avec la transformation d’un modèle économique trop dépendant du tourisme et des importations. Ce qui à long terme suppose de réindustrialiser le pays. Ce programme a-t-il des chances de réussir ? Une bonne partie de la réponse tient à la renégociation de la dette qui atteint 321 milliards d’euros et dont le remboursement des intérêts empêche toute marge de manœuvre. Cela suppose donc que les créanciers de la Grèce acceptent de renoncer à une partie de leurs créances plutôt que de tout perdre. C’est leur intérêt car la mise au ban du travail de millions de personnes en Grèce et plus largement en Europe est un immense gâchis qui gangrène toutes les sociétés.

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